Il est l’heure et même plus que l’heure d’enfin prendre le temps qu’il me faut. Etre moi. Vivre et respirer, un peu.
Mais laissez-moi vous faire part de ces quelques mois d’absence. De ces longs mois où inspiration et perte de soi se sont doucement éloignées.
Tout à commencé par un superbe 25 février. Lassée d’attendre de tomber enceinte par magie. C’est à dire: sans tenir compte de mes périodes d’ovulation mensuelle. Je me décide à prendre rendez-vous chez la gynécologue afin de lancer la machine sérieusement. J’aurais trente et un an dans 3 mois. Je m’étais toujours dit: pas avant trente ans. On y est. On le veut. On va essayer de voir comment font les gens normaux qui ne vivent pas sur la planète miraculeuse des bébés qui arrivent tout seul lorsque future maman arrête la pilule.
Kyste, ce héros !
Me voilà arrivée chez la gynécologue en ce 26 mars nuageux, je monte courageusement sur la balance. Explique que oui j’ai arrêté la pilule. Que non bébé n’est jamais arrivé. Que oui, je veux faire ça « comme il faut ». Une prescription de prise de sang plus tard. Je sors victorieuse de mon rendez-vous.
Le lendemain, c’était une mercredi. Je me réveille tant bien que mal, une fatigue écrasante, incompréhensible me terrasse. Je vais tout de même faire ma prise de sang matinale, décidée à m’investir dans la future création de cet être à venir. Impossible d’aller travailler. Impossible de pouvoir donner 8 heures de théâtre à des gamins enragés. Impossible de quitter ce lit que me tend les bras. Ma tête est lourde, mes jambes flageolantes, … c’est à n’y rien comprendre. Et, je ne comprends pas.
Le lendemain, ça va mieux. Ouf, je suis toujours en vie. Mais un truc bizarre me tord le ventre. C’est violant. Une appendicite fulgurante? Je ne sais pas bouger. Les larmes montent. J’ai envie de vomir. Je reste tétanisée. Les minutes passent. Puis… plus rien. La douleur a disparue aussi brutalement qu’elle est apparue. Je vais donc travailler.
Vendredi matin, je suis de nouveau un peu fatiguée, mais moins qu’il y a deux jours. Puis, le vendredi, je ne travaille que pour le théâtre alors je ne vais pas courir chez le docteur pour un peu de fatigue. Et là, bam, ça me reprend 10 minutes d’une douleur déchirante. ça semble partir de dessous le nombril et ça remonte légèrement, comme une aiguille qui se tord et brule et compresse en même temps. Familière des intoxications alimentaires tortionnaires, je n’ai pourtant jamais ressenti une telle douleur. ça passe. Je ne m’inquiète pas. C’est passé. Toujours aussi brutalement que la veille.
Pendant, le weekend, les « crises » se multiplient. Lundi, je suis en pleures, pliée en deux. Non je n’irai pas chez le docteur. Mardi, les « crises » passent de quelques minutes à 15 minutes. Ok si ça continue, je vais dire « coucou » au docteur… Mercredi, plus rien. Jeudi, c’est reparti pour un tour. Tant pis, je vais chez le docteur. Verdict? C’est étrange et ça doit être gynécologique. ça tombe bien je dois voir la gynéco le lendemain pour les résultats de ma prise de sang et envisager la suite. Ouf, je suis sauvée. Les douleurs deviennent de plus en plus surprenantes. Vendredi, dans une heure je vais chez la gynéco. Téléphone. C’est elle. Elle annule mon rendez-vous. Résultats de la prise de sang: je dois faire un régime fractionné et prendre rendez-vous chez l’endocrinologue. Après, on se revoit et on envisage la suite… Mais j’ai mal! J’avais besoin de ma visite. « Ce n’est rien, pas de quoi en faire un plat, un petit kyste ovarien, faut attendre que ça passe »… Ok. J’attends… Mais j’ai mal! Non, ça devient insupportable. J’ai des nausées. Je suis pliée en deux sans raison. Je fouille internet. Je trouve tout et n’importe quoi. Mais une chose est certaine: avec les douleurs que j’ai expliqué avoir, une visite gynécologique n’aurait vraiment pas été de trop. Je rumine. Tout le monde veut m’envoyer à l’hôpital. Tout le monde crie à l’insouciance de ma gynéco. Je la défends ( sinon, ça n’aurait pas été drôle.) Au secours, j’ai mal. Je suis épuisée. J’ai pas d’énergie. Les jours passent… La douleur reste.
Un héros, je vous dis
Mi-avril, je veux aller aux sports d’hiver. Si, je vais à l’hôpital maintenant, ils vont me garder. Si j’ai toujours mal en rentrant. J’arrête de tergiverser et je vais aux urgences.
Je vais aux sports d’hiver. Comme une horloge suisse en plein 3Vallées, j’ai la nausée. Une période de « crise » à l’ovaire droit chaque nuit. Une envie folle de dévaler comme jamais les pentes enneigées. Des épisodes de rejet alimentaire fulgurant. Une envie de tout dévorer. Et une maman Kiné…
C’est là qu’est toute la différence. Une maman Kiné… Ouais… « Ma chérie, tu es enceinte » . C’est ça, oui. Bon, je ne suis plus réglée, mais les kystes ça fait ça. Ok, j’ai la nausée, mais les kystes, ça fait ça. Ok, je suis épuisée, mais les kyste, ça fait aussi ça!
N’empeche, je rentre, j’attends encore une semaine. Et je commence à douter. Ou à me réjouir. Difficile à dire. Je ferais bien un test de grossesse mais si c’est négatif, le doute ne sera plus permis. Bon: j’attends encore un peu. Mes dernières règles dates du 5 mars… on est le 24 avril… un peu de retard, avec mes menstruations en montagnes russes ces derniers mois, faudrait pas en plus être déçue, après un mois de souffrance. Bon,tant pis, je fais un test. Il est positif, oui, mais les kysteS aussi ça fait des faux positifs…
Bon je fais quoi? Je le dis quand même à l’amoureux. De toute façon ce weekend, je joue à bruxelles et on a décidé d’en profiter pour se faire deux jours à la capitale pour rattraper la vie de dingue qui nous a accordé très peu de temps en amoureux cette année. Arrivée à l’hotel je fais une sieste de 20 minutes… qui dure 2h30! Quoi? Mais qu’est-ce que j’ai bon sang?! Bon, on va manger puis je dois courir jouer. A table, face aux propositions de burger, je pâlis,… Zut: je ne suis pas immunisée contre la toxo. Je peux pas manger ça. Je dois lui dire quelque chose. Je vais pas pouvoir passer à côté. Je lui dis. Il est aux anges. Je pars jouer. Je reviens. Je m’écroule de fatigue, encore!
Fébrile, je fais un deuxième, puis un troisième test de grossesse. Tous de marques différentes. On sait jamais. Tous positifs. Oh, mon dieu! Je crois que ça devient réel. Mon Kyste est une fille! Bon, on s’emballe pas. On fait une prise de sang pour vérifier l’affaire. Mon médecin est en congé jusqu’au 7 mai. J’attends.
Kyste un jour, bébé toujours
7 mai. 8h30. Prise de de sang. 19h. Répétition. 21h. Appel: » Félicitations, à la vue du taux d’hormones HCG, tu es enceinte! »
Quinze jours plus tard, la gynéco me rappelle: » J’ai reçu les résultats d’une prise de sang à votre nom. Le taux d’HTG est très élevé, c’est normal? Je ne comprends rien, il y a des chiffres dans tous les sens, je dois en ternir compte?… Petit 1: elle se fout de ma tête. Petit 2: elle devrait changer de vacation… « Ah, je ne sais pas, c’est bizarre. »
Bref, j’ai changé de gynéco et je vais être maman.
Joie.
Bonheur.
Parole de Pêche.